Les Risques liés à l’amiante
On connaît surtout l’amiante pour son utilisation dans l’industrie du bâtiment. On sait moins que l’exposition à l’amiante peut être aussi d’origine purement environnementale.
C’est le cas du nord-est de la Corse qui présente des caractéristiques géologiques particulières associant parfois la serpentinite, roche pouvant contenir de l’amiante, aux schistes lustrés.
Des éléments de réponses, aux questions que l’on se pose sur l’étendue de l’exposition à l’amiante environnementale et sur l’incidence sanitaire qui peut en résulter, sont proposés ici.
Le Risque sanitaire est indubitable lorsque l’amiante est présent et mobilisable dans l’air. Cela tient au caractère cancérogène des fibres d’amiante, lequel ne possède pas de seuil d’exposition en deçà duquel il s’annulerait.
Selon l’InVS (Institut de Veille Sanitaire), la surveillance des cas de mésothéliome mise en œuvre dans le cadre du Programme National de Surveillance du Mésothéliome, ou PNSM, est la méthode de surveillance la plus adaptée au contexte spécifique de la Corse et la seule à même aujourd’hui de donner des résultats interprétables.
Le mésothéliome est en effet l’indicateur le plus représentatif de la gravité de l’incidence sanitaire de l’exposition à l’amiante, car les cas de mésothéliome sont quasi exclusivement imputables à une exposition à l’amiante.
La Corse a été incluse dans le PNSM en septembre 2006. Le bilan de septembre 2010 établi pour les trois départements de PACA et la Corse couvre la période 2006-2009. Au cours de ces 4 années, 15 cas de mésothéliome actuellement domiciliés en Corse ont été identifiés, dont 73 % résidaient en Haute-Corse.
Les auteurs du bilan du PNSM rappellent que l’incidence et la mortalité par mésothéliome de la plèvre observées actuellement sont la conséquence d’expositions passées (médiane du temps de latence entre 30 et 40 ans). Ils soulignent que devant le très faible nombre de cas annuels attendus et observés en Corse, l’interprétation des données observées doit être faite avec précaution.
Une comparaison des taux standardisés de mortalité par tumeur maligne de la plèvre entre la Corse et la France métropolitaine a été réalisée sur la période 1983-2007. Les résultats doivent être interprétés avec prudence compte tenu du faible nombre annuel de décès par tumeur maligne de la plèvre en Corse. Depuis la période 1998-2002, il n’est plus observé de différence significative entre la Corse et la France métropolitaine en termes de mortalité par tumeur de la plèvre. Alors que sur la période 1983-2007, la mortalité par tumeur maligne aurait tendance à baisser en Corse pour les hommes et les femmes, elle augmente en France métropolitaine pour les hommes jusqu’en 1998 avant de baisser ensuite et elle est relativement stable pour les femmes. Les forts taux de mortalité enregistrés en Corse chez les femmes jusqu’en 1998 suggèrent qu’une exposition environnementale ou para-professionnelle à l’amiante serait en lien avec ces données sanitaires.
Globalement, le nombre de cas recensés par le PNSM est en cohérence avec les données de mortalité, l’incidence en Corse étant comparable à la moyenne des trois départements de PACA.
Par ailleurs, un excès de risque de cancer du poumon est également associé à l’exposition à l’amiante. Il n’est pas aisé à mettre en évidence dans la population générale étant donné l’effet de masque des nombreux cas résultant spécifiquement de l’exposition au tabac. Il est à noter que l’amiante est un cocarcinogène ayant un effet multiplicatif sur le risque de survenue d’un cancer du poumon chez les personnes exposées à la fois à l’amiante et à un autre précurseur du cancer bronco-pulmonaire, comme le tabac.
Enfin, des maladies moins graves mais invalidantes peuvent résulter de l’exposition à l’amiante : la fibrose pulmonaire, appelée aussi asbestose, et les plaques pleurales, lesquelles témoignent plus significativement d’une exposition à l’amiante.
Il apparaît en conséquence utile de conduire des actions de prévention dans l’ensemble des communes à risque.